jeudi 24 novembre 2016

Avenir des archives

Projet de loi de finances pour 2017 : Culture : patrimoines, transmission des savoirs

24 novembre 2016 :
Budget 2017 - Culture : patrimoines, transmission des savoirs ( avis - première lecture )
Par MM. Philippe NACHBAR et Jean-Claude LUCHE
au nom de la commission de la culture, de l'éducation et de la communication


B. DES DÉFIS PHYSIQUES ET INTELLECTUELS

1. <La fermeture définitive du site de Fontainebleau>

<Fermé partiellement en application du principe de précaution sur ordre du ministère de la culture et de la communication en mars 2013, le site des archives nationales de Fontainebleau, sujet à un risque d'affaissement>, devrait finalement être définitivement fermé d'ici quatre ans.

C'est la décision qu'a prise la ministre chargée de la culture, sur la base du rapport que lui avait remis l'OPPIC en octobre 2015, qui évaluait et chiffrait les trois scénarios possibles : la consolidation du site, sa déconstruction avec reconstruction sur le site, ou sa fermeture définitive et son transfert vers les autres sites.

Le délai de quatre ans sera mis à profit pour préparer le déménagement des services vers le site de Paris et celui des <90 kilomètres d'archives aujourd'hui stockées sur le site de Fontainebleau> vers celui de Pierrefitte-sur-Seine. C'est ce qui explique l'importance du « chantier du différé », pour lequel des autorisations d'engagement avaient été inscrites dès 2016 et plus 2 millions d'euros de crédits sont ouverts au titre du présent projet de loi. Ce chantier, qui devrait s'achever fin 2018, permettra d'équiper <les magasins actuellement vides du site de Pierrefitte-sur-Seine, rendant possible l'accueil des archives en provenance de Fontainebleau>.

Toutefois, le ministère de la culture et de la communication n'a pas caché à votre rapporteur pour avis qu'il conviendrait, <dans ces conditions, de conduire par la suite de nouveaux travaux en plusieurs phases pour étendre les réserves du site de Pierrefitte-sur-Seine et ainsi préserver les capacités de stockage de long terme des Archives nationales, mises à mal par le transfert des archives situées à Fontainebleau>.

Par ailleurs, les services du ministère ont indiqué à votre rapporteur pour avis qu'un arrêté de restructuration serait <pris d'ici la fin de l'année pour accompagner les 42 agents aujourd'hui affectés au site de Fontainebleau> : des postes sur les sites de Paris et de Pierrefitte-sur-Seine devraient leur être proposés, ainsi que des postes au sein de la fonction publique d'État ou de la fonction publique territoriale, susceptibles d'être plus proches du domicile des agents, dont beaucoup sont <installés à proximité de Fontainebleau>.

jeudi 24 mars 2016

La Bibliothèque Municipale de Fontainebleau


La Bibliothèque Municipale de Fontainebleau

Ancienne Charité Royale des Femmes
Extraits de l'article de Maie-Noëlle Grand-Mesnil «  La Charité royale des femmes » actuelle Bibliothèque municipale de Fontainebleau, revue de Moret 1er trimestre 1976.

Nous voudrions dans ces quelques pages retracer l'histoire de l'un des anciens hôpitaux de
Fontainebleau : la Charité royale des femmes devenue au fil des ans et des révolutions l'Hospice de la Charité. Bien es Amis de Moret le connaissent sans le savoir : c'est en effet dans les anciennes salles de cet hôpital du XVIIème siècle –sis 15 rue Royale- que la Municipalité, alors dirigée par le Docteur Matry, eut l'excellente idée d'installer en 1936 la Bibliothèque Municipale. En raison de l'importance de ses fonds anciens et modernes, cette Bibliothèque est fréquentée par toues les amateurs d'art et d'histoire des cantons de Moret et de Fontainebleau.

L'histoire de la Charité royale nous est bien connue. Dans son ouvrage, l'Ancien Fontainebleau, Félix Herbet lui a consacré des pages pages nourries de recherches dans les archives notariales et hospitalières, mais un peu touffues peut-être pour les non-initiés. Nous essayerons ici de résumer ce qu'il nous apprend sur la Charité aux XVIIème et XVIIIème siècles. Quant à la situation des bâtiments au siècle dernier, époque où deux écoles communales y étaient logées, elle nous est connue grâce aux relevés des bâtiments municipaux, relevés effectués au début de la Troisième République et conservés aux archives de la Mairie de Fontainebleau.

FONDATION

La Charité Royale des Femmes fut fondée à Fontainebleau par Anne d'Autriche à titre de Régente avec l'aide du Cardinal Mazarin. Félix Herbet se demande quelle date précise attribuer à cette fondation : 1644 ( les habitants de Fontainebleau créent une confrérie de Charité), 1646 (Vincent de Paul y envoie deux sœurs de Charité) ,
1653 (l'hôpital de la Charité fonctionne, cela est attesté par le testament d'une malade) ou 1655 (à cette dernière date en effet, le Roi achète la maison de Charlotte de Loisillière, veuve de Mathurin Bayon, supérieur de l'hôpital, précisemment pour y établir le dit hôpital. Le prix de 5.000 livres ne fut d'ailleurs payé qu'en 1658.

HISTORIQUE DES BATIMENTS

Pour reconstituer l'histoire des bâtiments de la Charité, il nous faut confronter les anciens plans de Fontainebleau, les renseignements donnés par Herbet, et les bâtiments dans leur état actuel.
Première constatation, la Charité Royale a toujours occupé le même rectangle de terrain qui s'étend le long de la rue de l'Arbre Sec, entre la Rue de la Vieille Poste qui deviendra rue de la Charité royale puis rue Royale et la rue de La Rochefoucauld devenue rue Saint Louis.

Deuxième constatation : s'il ne reste plus rien de la maison achetée en 1655 par Louis XIV, les divers bâtiments subsistants sont plus anciens que ne le laisseraient croire les modifications et restaurations du siècle dernier et du nôtre.
En particulier, nous pouvons affirmer que les salles actuelles de la Bibliothèque ont été construites avant 1680. les salles de travail ont été aménagées dans l'ancienne Chapelle de la Charité royale, chapelle qui a été en service jusqu'à la laïcisation. Si les fenêtres ont été modifiées, il reste un beau volume intérieur, d'énormes poutres et des colonnes de bois. La sacristie qui faisait saillie sur le jardin a disparu, ainsi que le clocheton (analogue à celui de la Mission sur la Place du Marché). Quant à la salle qui contient le rayonnage à livres et les bureaux, c'est l'ancienne salle des malades : sous son plafond de poutres cirées, l'on a nulle peine à imaginer les 12 ou 14 lits de l'ancienne Charité avec leurs courtines et leurs ciels de lit, comme dans une gravure d'Abraham Bosse.
Les plans de 1875 indiquent qu'au premier étage de ce bâtiment se trouvaient le dortoir des sœurs et des salles de classe.
L'agrandissement de l'hôpital sur la rue Royale, autour d'une petite cour dont la porte est surmontée d'un fronton, date sans doute de 1730, époque à laquelle, selon Herbet, le Charité a été reconstruite et agrandie.
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En 1976, le projet de construction d'un bâtiment de 12 logements dans le jardin derrière les salles de la Bibliothèque qui existait déjà en 1686, avait suscité de vives réactions et conduit la municipalité de l'époque a faire des modifications pour aboutir à la construction beaucoup plus satisfaisante que nous connaissons aujourd'hui.

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Quel avenir pour ce bâtiment qui fait partie de l'histoire de la ville ?

Le manque de places de crèches et le besoin d'une halte garderie pourraient y trouver la place nécessaire.
Le bâtiment des Sœurs du Bon Secours est disponible et prévu pour accueillir les services sociaux municipaux, on aimerait savoir si une réflexion a été menée pour déterminer dans quels locaux le siège des affaires sociales, la crèche et la halte-garderie seraient le plus judicieusement abrités.

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Porte de Serlio selon Félix Herbet

Hôtel de Ferrare

Cet hôtel était un des plus beaux de la ville. Son entrée, dit l’abbé Guilbert, en forme de portail, d’une ordonnance rustique, et ses trois ailes de bâtiments entre cour et jardin, annoncent un palais magnifique. Le jardin a 55 toises de long et 45 de large. On voit sous le vestibule qui sert d’entrée aux appartements, la représentation de deux cerfs, qui, en se battant, entrelacèrent leurs bois sans les pouvoir défaire et furent trouvés morts dans la forêt de Fontainebleau, ces deux bois sont encore entrelacés ».
Documents archives de Modène : l’Hôtel se composait d’une grande salle, de trois chambres pour le cardinal et de deux pour ses hôtes, toutes parées de tapisseries à figures. Sons ces chambres étaient des bains magnifiques peints de grotesques. Dans la cour était un escalier de douze marches, qui donnaient accès à la porte de l’hôtel de trois côtés, de face, à droite et à gauche. Le maître de cette superbe maison offrit au roi et à la cour de somptueux repas et leur donna dans sa cour le spectacle d’un carrousel.
L’hôtel comportait en outre un jeu de paume, une chapelle, des écuries, des communs etc.

Sebastien Serlio fut l’architecte de cet édifice, qui fut construit de 1544 à 1546. On le savait déjà par la première planche du sixième livre de ses œuvres, qui est exactement conforme au dessin du Portail existant encore. Le texte est positif : Primieramente la porte quà davanti à celle casa del Reverendiss é Illustrisss. Cerdinal di Ferrare, Don Hippolito de Este, laquele é di opera Toscana vestita di Rustico.

Les documents d’archives ont confirmé et précisé cette attribution. Il parait même que Serlio avait l’intention de publier le plan de l’hôtel de Ferrare dans le cinquième livre de son Architecture,mais que le cardinal s’opposa dans la pensé que la réputation de son hôtel pourrait en recevoir quelque diminution.

Le maitre des travaux, l’entrepreneur serait Jehan Richier, maître maçon à Melun.

Un autre artiste italien a contribué à la décoration des appartements : les plafonds de l’ancienne salle des bains étaient ornés de riches peintures du Primatice pareilles, dit l’abbé Guibert qui a pu les connaître, que celles de la voûte de la galerie d’Ulysse.

Le puissant seigneur qui rivalisait avec François Ier, de goût et de dépenses, en employant les mêmes artistes que lui pour construire un palais en face du château royal, est Hippolyte d’Este, cardinal de Ferrare, petit-fils du pape Alexandre Borgia, fils de Lucrèce Borgia et d’Alphonse Ier de Ferrrare.
Sa nièce, Anne d’Este, fille d’Hercules II et de Renée de France, qui épousa en premières noces François de Lorraine, duc de Guise, en secondes noces Jacques de Savoie, duc de Nemours fut sonn héritière. Avant sa mort, en 1607, son petit-fils, le duc de Lorraine, vendait l’hôtel au roi Henri IV.
En 1741, le Grand Ferrare est donné au duc d’Orléans dont les descendants le possédaient encore à la veille de la Révolution.