samedi 24 août 2013

Sauvons la halle de Fontainebleau, un chef-d’œuvre méconnu de l’architecture du XXe siècle !


Extrait de : http://www.sppef.fr/2013/08/24/sauvons-la-halle-de-fontainebleau-un-chef-doeuvre-meconnu-de-larchitecture-du-xxe-siecle/


A l’occasion d’une opération de « re-qualification » de la place de la République à Fontainebleau (Seine-et-Marne), la mairie a décidé de raser la grande halle du marché.

Vue aérienne montrant la situation de la halle dans Fontainebleau. Photo D.R.


Mal aimé, cet édifice n’a jamais été regardé pour lui-même, alors qu’il est en assez bon état et, surtout, toujours en fonction. Or, il s’agit d’un chef-d’œuvre méconnu de Nicolas Esquillan (1902-1989) : ce bellifontain, qui deviendra un des grands ingénieurs français (il est l’un des auteurs du CNIT), est l’un des maîtres du béton français.

Nicolas Esquillan, Voûte de la halle de Fontainebleau (1941). Photo D.R.

Le projet de Fontainebleau, imaginé dès 1936, a été réalisé en 1941, ce qui en fait un des rares édifices d’Ile-de-France élevés pendant la guerre. Avec son jeu de piliers effilé, sa voûte mince de quelques centimètres et ses pavés de verre Saint-Gobain, la halle apparaît donc également comme un exploit technique, sans renoncer à une véritable élégance. C’est enfin un des seuls édifices modernes de la ville, dont une partie (il y a avait à l’origine deux halles) a déjà été sacrifiée en 1969.

Nicolas Esquillan, ingénieur de la voute du CNIT (1958), bâtiment inscrit au titre des Monuments historiques. Photo D.R.

Confié à l’architecte Patrick Chavannes, le projet actuel consiste à démolir la halle, qui n’a pas été analysée sérieusement, à creuser à son emplacement une extension du parking souterrain voisin (170 places), puis à ménager une nouvelle place en surface avec « fontaines sèches » (sic) et rideau d’arbres (qui masquera les façades anciennes de la place…), enfin à rebâtir deux halles métalliques sur le côté de l’actuelle place, option qui n’est pas arrêtée pour des questions de financement.

Vue de la halle depuis les habitations de la place. Photo D.R.
Projet de la nouvelle halle déplacée sur le côté de la place. Photo P. Villebeuf, Le Parisien.

Les commerçants du marché, qui est reconnu au niveau national par sa qualité, ont manifesté une forte opposition, mais le maire vient de délivrer le permis de démolir, après un avis favorable de l’ABF. La SPPEF a donc saisi la DRAC pour tenter de sauver cette halle originale, véritable patrimoine de Fontainebleau !
Alexandre Gady, président de la SPPEF
Pour en savoir plus : Bernard Marrey, Nicolas Esquillan, un ingénieur d’entreprise, Paris, Picard, 1992. 

jeudi 28 mars 2013

La halle de Fontainebleau sauvée in extremis


extrait de : http://www.sppef.fr/2013/03/28/la-halle-de-fontainebleau-sauvee-in-extremis/


La SPPEF se bat depuis 2012 pour sauver la halle du marché de Fontainebleau. Cet élégant édifice de béton, construit par l’ingénieur bellifontain Nicolas Esquillan en 1942, était en effet condamné par la municipalité, désireuse de “requalifier” le centre ancien en aménagant une place “conviviale”, avec un parking souterrain. Ce projet a été confié à l’architecte Patrick Chavannes.

Projet de la nouvelle halle

Plusieurs recours devant la justice administrative ont été engagés contre le permis de démolir, que la mairie s’est délivrée en octobre 2012. Le premier, contentieux, est celui porté par notre association ; le deuxième celui des commerçants, présidé par M. Bernard Bruche, opposés à cette démolition ; le troisième est celui d’une association de riverains, présidée par M. François Fay. D’abord gracieux, ce recours est contentieux depuis quelques jours.
La SPPEF avait également déposé un référé, craignant une démolition rapide, en raison d’un appel d’offres lancé par la mairie à cet effet fin janvier. Audiencé en février au tribunal administratif de Melun, ce référé a été malheureusement rejeté. A cette occasion, les avocats de la mairie annonçaient publiquement que les travaux devraient prendre place “en juillet prochain”. C’est dans cette situation complexe, et alors que les autres recours étaient pendants, mais non suspensifs, que le maire a tenté de passer en force mardi 5 mars dernier, au coeur des vacances. A la fin du marché, et alors que rien ne laissait présager une telle opération, les commerçants ont eu la surprise de voir débarquer la maréchaussée, tandis que deux gros engins de démolition, arrivés d’Auxerre, s’approchaient dangereusement de l’édifice. L’installation électrique sous la halle était alors arrachée, et des grilles montées autour de l’édifice.

La Halle de Fontainebleau et les engins de démolition
Copyright Sergio Grazia

Tout s’est alors joué en quelques heures, grâce à deux actions non concertées. D’une part, les commerçants ont décidé d’envahir le chantier, ce qui a permis de stopper le processus de démolition en début d’après-midi. De l’autre, informé de la situation, le cabinet de la ministre de la Culture a diligenté avec énergie une instance de classement : en début de soirée, ce document qui bloque pour un an toute démolition était transmis au maire, obligé de cesser sa tentative de démolition. Par prudence, certains commerçants ont néanmoins dormi sous la halle, se relayant dans un magnifique mouvement de solidarité.

Départ des engins de démolition

Le maire, M. Valletoux, a lancé immédiatement un contre-feu, appelant à une pétition contre le classement de la halle, dont on trouve les éléments sur le site de la mairie… En attendant, la halle va être remise en service mais la situation reste tendue, dans un contexte pré-électoral qui agitent les esprits (plusieurs conseillers municipaux de la majorité actuelle étant désormais opposés au maire).
De leur côté, les défenseurs continuent sans relâche leur tâche de sensibilisation. Une table-ronde est ainsi organisée le samedi 20 avril prochain à 15h30, à Fontainebleau, à laquelle la SPPEF participera naturellement. Elle marquera l’inauguration d’une exposition sur l’édifice, son histoire et sa technique, qui aura lieu jusqu’au 27 avril, afin que chacun découvre ce patrimoine méconnu (adresse des deux manifestations : hôtel de l’Aigle noir, 27, place Napoléon Bonaparte, 77300 Fontainebleau).
La SPPEF, à la pointe de ce combat, se félicite que la halle ait été placé sous une instance de classement, et demande désormais au maire le retrait du permis de démolir.
Alexandre Gady, président de la SPPEF